Histoire
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Vendres durant les années noires
Juin 1940, la France connaît la plus
grande défaite militaire de son
histoire. A la faveur de ce drame se
met en place un nouveau régime :
Vichy. L’extrême droite ligueuse
des années 30 prend sa revanche
sur la République et le Front
populaire qu’elle déteste. Pierre
Laval et le maréchal Pétain
prennent la tête de l’Etat Français :
restricƟon
des
libertés,
persécuƟons
anƟsémites,
collaboraƟon avec l’Allemagne
nazie sont désormais à l’ordre du
jour¹.
Alors que le territoire est occupé
aux 2/3, que plus d’un million de
français sont prisonniers des
allemands, la priorité du régime est
de régler ses comptes. Ainsi,
durant l’hiver 40-41, l’urgence est
par exemple de changer les noms
de rues. Les plaques portant les
noms de Roger Salengro, Henri
Barbusse et surtout Jean Jaurès
disparaissent.
A Vendres, toujours rebelle, la
municipalité « oublie » de déclarer
l’existence de la rue Jean Jaurès
lorsque le préfet procède à
l’inventaire
du
panthéon
républicain².
Au printemps 1941, c’est la
jeunesse vendroise qui manifeste
sa désapprobaƟon vis-à-vis du
régime en réalisant des graffiƟs
« Vive
de
Gaulle,
vive
l’Angleterre »,
après avoir tourné
en ridicule une organisaƟon
vichyste, les Compagnons de
France et chanté que le maréchal
Pétain les
« faisaient crever de
faim »
et crié
« Pétain au poteau ».
Le portrait de Pétain est également
retrouvé barbouillé de peinture.
La répression ne se fait pas
aƩendre, 13 jeunes vendrois sont
arrêtés et jugés pour « esprit
subversif ». Ces jeunes, dont deux
futurs maires de la commune, sont
condamnés
à
8
mois
d’internement. D’ailleurs, pour
faire bonne mesure, la municipalité
du maire SFIO, Aimé Mathieu, est
dissoute et remplacée par une
délégaƟon spéciale.
75 ans après, il n’est peut-être pas
inuƟle de se rappeler ce que
l’extrémisme au pouvoir est
capable de faire.
¹Robert O. Paxton,
La France de Vichy
, Paris, Le Seuil, réed, 1997.
²Richard Vassakos, « Les plaques bleues du midi rouge dans la tourmente. L’épuraƟon de la toponymie urbaine en Languedoc-Roussillon
sous Vichy »,
Les Annales du Midi
, n° 280, octobre-décembre 2012, pp. 523-539.
